Vers un changement de paradigme en économie ?
A propos de : André Orléan, L’empire de la valeur. Refonder l’économie, Seuil
...., le livre est organisé en
trois parties qui consistent à mettre en œuvre ce changement de
perspective sur la valeur à trois niveaux du fonctionnement de
l’économie : la définition de la rareté, l’institution de la monnaie et
le fonctionnement des marchés financiers. André Orléan se livre à une
déconstruction précise du paradigme substantialiste. Si la science
économique n’est pas présentée de manière caricaturale comme constituée
d’un seul bloc, c’est toutefois bien la même perspective qui se trouve
identifiée à travers différents développements. Pour autant, l’auteur ne
rejette pas complètement le modèle néoclassique mais il s’applique à
délimiter le domaine de validité de ce cadre d’analyse : ce modèle
décrit correctement le fonctionnement de l’économie sous certaines
conditions ramenées au nombre de quatre : « un ensemble de biens connus
de tous les acteurs ; une représentation commune de l’incertitude ; une
reconnaissance collective de ce qu’est le mécanisme de prix ; l’adoption
par tous les acteurs d’une conception strictement utilitaire des biens
marchands » (p. 106). Le changement de ces conditions appelle un
paradigme plus général susceptible d’englober le précédent.
Ce livre est également la somme des
travaux menés depuis une trentaine d’années par l’auteur selon une
trajectoire de recherche originale, approfondie et rectifiée à partir de
relectures de classiques pour les sciences sociales et de
collaborations étroites avec d’autres économistes critiques à l’égard de
la théorie dominante. Le cœur de sa démarche trouve sa source dans
l’analyse keynésienne du fonctionnement des marchés financiers [1]. En partant de l’absence de définition objective de la valeur a priori,
elle consiste à mettre au jour une structure d’anticipation
autoréférentielle et analyser la logique d’action mimétique qui en
résulte (comme sur les marchés financiers où le cours des titres que
cherchent à anticiper les intervenants dépend précisément de leurs
anticipations). Cette synthèse ambitieuse arrive à point nommé au vu des
crises conjointes de l’économie et de la science économique que nous
traversons actuellement.
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