Il y a quelques semaines, Mélanie*, allocataire du RSA, a subi une inspection surprise de la part de la Caisse d’Allocations Familiales. Elle a tenu à témoigner. Pourquoi ? « Etre allocataire du RSA, c’est survivre en étant « présumé coupable de fraude ». C’est être obligé de se mettre à nu pour prouver son innocence et avoir le droit de vivre. C’est culpabiliser d’exister et de devoir subir les pressions, les menaces et des contrôles. Or c’est notre vie et notre dignité qui sont dans la balance ! Cette situation doit changer. J’ai écrit ce message pour crier, car la coupe est pleine. Je ne veux plus vivre dans l’angoisse et les larmes ». Cette réalité traumatisante reste pourtant peu connue de l’opinion publique souvent manipulée sur le sujet à des fins politiques. Mélanie, vivant dans une extrême précarité, risque aujourd’hui de perdre ses 470 euros mensuels qui lui permettaient de joindre les deux bouts.
En tant qu’allocataire du RSA (et non « bénéficiaire », comme on peut trop souvent le lire et l’entendre), Mélanie a été interrogée par surprise à son domicile pendant plus d’une heure par une inspectrice décidée à dénicher la moindre irrégularité, quitte à fouiller dans sa vie privée et suggérer des relations intimes avec son propriétaire. Par son témoignage, elle a tenu à dénoncer les méthodes utilisées, d’une grande violence psychologique, explique-t-elle. Alors que Mélanie est déjà fragilisée par sa situation, la tournure de son contrôle interpelle. « Le pauvre » semble jugé coupable par défaut de sa situation, et tout est fait pour lui enlever ses maigres moyens de subsistance. Que peut justifier une telle violence morale et de telles atteintes à la vie privée à l’égard de ceux qui souffrent de la précarité dans laquelle ils vivent ?
Son témoignage ne fait pas figure d’exception, à l’heure où de nombreuses régions déploient d’importants moyens pour surveiller les allocataires de près, souvent au prix de la dignité humaine. Pourtant, malgré toutes les fausses idées véhiculées, la fraude sociale est infinimentmarginale en France, contrairement à la fraude fiscale qui se compte en dizaine de milliards d’euros. Mais voilà, les classes sociales visées par ces problématiques ne semblent pas les mêmes, pas plus que les moyens employés…
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